Parole de femme :
« À mon âge, je ne risque plus d’avoir le cancer, et de toute façon, ça n’évolue pas en vieillissant, si je n’ai pas été convoquée pour faire ma mammographie c’est bien que je ne risque plus rien ? et puis à quoi bon me soigner à mon âge ? … » que de contre-vérités, d’idées reçues communément admises qui font que ces femmes ne sont pas ou sont mal prises en charge pour le cancer du sein.
Et pourtant 60 000 nouveaux cancers du sein par an en France, 12 000 morts par an (1 femme toutes les heures !!!) parmi lesquelles :
- Un tiers des cancers du sein touche une femme de plus de 70 ans
- Un décès sur 2 par cancer du sein concerne ces femmes
- Ainsi 24% des cancers du sein et 48% des décès touchent des femmes de 74 ans ou plus, précisément ce sont elles qui sont exclues du dépistage de masse organisé (DMO) !
- Moins de 5% de ces cancers sont suspectés par un examen clinique effectué par le médecin traitant
- Près des 2/3 sont trouvés par la patiente elle- même et 80% font plus de 2cm
- Beaucoup de ces femmes pourraient sans risque être opérées, éventuellement après une évaluation onco gériatrique
- Une chimiothérapie et une radiothérapie adaptées pourraient souvent aussi être préconisées sans risque
Une des causes de cette situation est probablement qu’en principe les femmes ne consultent plus leur gynécologue après 65 ans (âge où il est admis de ne plus faire le frottis cervical) et le DMO s’arrête à 74 ans (car il n’a pas été démontré qu’il soit pertinent de le prolonger, ce qui ne veut pas dire qu’il soit inutile (Dr JY Seror, radiologue, Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français = CNGOF).
Sans remettre en question l’âge limite de l’âge du DMO (ce qui est un problème de santé publique) il faut admettre que :
- Beaucoup de femmes dites âgées ne le sont physiologiquement pas et restent très en forme
- L’espérance de vie va continuer à augmenter, et avec l’âge l’incidence du cancer en général, du cancer du sein en particulier
- Une femme française qui atteint 80 ans a une espérance de vie de 10,6 ans !
Citons :
- Le Pr Mathelin (CNOGF) : « jusqu’à 85 ans, la première cause de mortalité de la femme âgée atteinte de cancer du sein est … le cancer du sein, pas ses autres pathologies (comorbidités) »
- Le Dr Marc Espié (Hôpital Saint Louis) : « il est grand temps d’adapter nos prises en charge en tenant compte du rapport bénéfice- risque, comme on le fait avec toutes nos patientes, ni plus ni moins ! »
La Ligue contre le Cancer, le CNOGF ont déjà fait campagne pour le dépistage après 74 ans, relayés par la presse (le Figaro, Science et Avenir) ; la littérature scientifique médicale internationale a largement démontré que des traitements adaptés étaient pertinents chez ces femmes, mais il reste encore beaucoup de travail à faire par tous : « considérer ces femmes comme les autres, ni plus ni moins » comme le dit Marc Espié.
L’ISHH (Institut du Sein Henri Hartmann) consacrera son prochain congrès le 1er octobre (mois du cancer du sein) au cancer du sein de la femme âgée.