A l’occasion de la journée mondiale du cancer, le 4 février, il faut s’interroger sur les principaux enjeux auxquels nous avons à faire face.
Rien ne pourra arrêter maintenant la formidable dynamique entre business et industrie pharmaceutique et dans quelques (dizaines ?) d’années, le cancer sera maitrisé.
Non, notre combat, c’est l’INEGALITE :
- Inégalité inter-ethnique bien démontrée dans de nombreuses publications américaines
- Inégalité économique et sociale au sein d’un même pays, comme la France, entre les régions, les départements, les villes, les populations.
- Inégalité en fonction de l’âge, comme pour le cancer du sein de la femme âgée, mal dépisté en France
Last but not the least:
- l’inégalité entre les populations de l’hémisphère nord et de l’hémisphère sud, où la mortalité est plus élevée par manque de dépistage et de moyens pour traiter, ces traitements qui coutent des milliers et même des dizaines de milliers de dollars alors que l’individu moyen vit largement sous le seuil de pauvreté.
Lisez bien cette histoire :
Gisèle, la cuisinière d’une amie a 50 ans, elle a une douleur dans le sein, fait une mammographie qui découvre une petite « tache » suspecte. En France, on lui aurait proposé une biopsie qui aurait confirmé un petit cancer autorisant d’ôter la tumeur en conservant le sein, mais Gisèle habite le Liban, et le chirurgien lui a « proposé » d’enlever les deux seins et de faire un curage des ganglions sous le bras « et rapidement car bientôt je n’aurai peut- être plus de fil à suture et ne pourrais pas vous opérer »
Alors Gisèle l’a fait.
Comment fallait-il que je réagisse face à cette extraordinaire inégalité. Il fallait que je retienne ma colère et ma rage, elle m’avait demandé mon avis. J’ai rassuré Gisèle en me disant que même si on était revenu 50 ans en arrière, au moins elle a été soignée.
J’ai dissimulé mon émotion en lui disant 3 mots : VOUS ÊTES SAUVEE. Elle était soulagée.
Nous sommes en 2022. Comment cela peut- il encore arriver ?
La guerre contre le cancer est loin d’être gagnée, non pour des raisons scientifiques mais pour des raisons économiques. Elle le sera dans un avenir relativement proche grâce à la Science et à la technologie qui sont présentes dans les pays riches, mais pour les autres, comment payer la prévention, le dépistage, les traitements ?
En 2040 : 3 millions de femmes mourront par an du cancer du sein dans le monde, dont 1 million dans les pays émergeants et sous-développés, alors que dans les pays développés, en cas de dépistage précoce, le taux de guérison est de 90% !
“Equity : every patient, every day, everywhere.”
Dr Jean- Michel Vannetzel
Cancérologue
Institut du Sein Henri Hartmann
Clinique Hartmann Neuilly France
Professeur de Cancérologie à la Faculté de Beyrouth