Cancer du sein : Fake news et idées reçues

Q : Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait de mal pour attraper « ça » ?
R : en dehors des cas « héréditaires » qui constituent moins de 10% des cancers du sein (en général en rapport avec une mutation des gènes BRCA1 ou BRCA2) il n’y a pas une cause unique au cancer du sein.
On connaît de mieux en mieux les mécanismes de prolifération des cellules cancéreuses
S’il n’y a pas une cause au cancer du sein, on connaît en revanche plusieurs favorisants qui augmentent de façon variable ce risque

Q : Quels sont les facteurs favorisants du cancer du sein ?
R : il y a plusieurs situations qui favorisent la survenue d’un cancer du sein. Une femme peut avoir un cancer du sein sans avoir aucun de ces facteurs favorisants
o Surpoids : il augmente aussi d’ailleurs le risque de faire d’autres cancers (endomètre)
o Le sport (qui aide à perdre du poids également) diminue le risque de faire un cancer du sein
o Alcool : serait peut- être particulièrement préoccupant en cas de consommation à l’adolescence
o Alimentation : aucun aliment n’est reconnu comme favorisant le cancer du sein : ni le sucre, ni la viande rouge, ni le lait de vache …

Q : Prendre la pilule , est ce dangereux ?
R : Non, les études publiés n’ont en général pas montré de danger à la prise de contraceptifs oraux chez la femme en pré ménopause.

Q : prendre un traitement hormonal quand on est ménopausée (THS) est ce dangereux ?
R : oui, si on le prend trop longtemps (5 ans) cela semblerait augmenter le risque de faire un cancer du sein

Q : Le stress ou le chagrin augmente t- il le risque d’avoir un cancer du sein ?
R : Non, aucune étude ne l’a montré

Q : Peut- on faire un enfant après avoir eu un cancer du sein ?
R : Oui, plusieurs études ont bien montré que c’était sans augmenter le risque de rechute

Q : Que penser des médecines parallèles ?
R : Certaines peuvent aider (acupuncture dans certains cas), d’autres (la majorité) ne servent à rien, certaines peuvent présenter un danger (toxicité hépatique possible avec
le curcuma : publication de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire juin 2022 ) ou interférer négativement avec les médicaments classiques (Millepertuis)
Il ne faut donc pas les interdire mais surtout informer votre cancérologue pour avoir son accord avant de faire appel à ces « traitements ».

Q : Voir un coupeur de feu pendant les rayons, est ce utile ?
R : cela n’a jamais été prouvé, au moins ce n’est pas dangereux (si ça ne fait pas de bien …)

Q : Pourquoi le dépistage systématique ne s’adresse qu’aux femmes entre 50 et 74 ans ?
R : faire une mammographie systématique avant 50 ans n’est pas recommandé en dehors du cas d’une femme à risque (notamment familial). Certaines équipes suggèrent néanmoins de commencer le dépistage à 40 ans.
En faire après 74 ans pourrait également se discuter car le cancer du sein y est fréquent est peu s’avérer dangereux. Avec l’augmentation de l’espérance de vie, cela peut être conseillé mais pas pour le moment.
Dans le dépistage systématique (DMO) reste recommandé entre 50 et 74 ans, encore une fois pour toutes les femmes n’ayant pas de facteur de risque particulier.

Q : N’est-ce pas dangereux de faire trop souvent des mammographies ? Le dépistage est- il vraiment utile ?
R : NON ce n’est pas dangereux :les études scientifiques ont montré que les techniques actuelles de mammographie délivrent très peu de rayons, sans conséquence significative , il ne faut donc pas avoir peur d’en faire quand c’est recommandé
R : OUI c’est vraiment utile : le taux ce guérison d’un cancer du sein chez une femme qui s’est faite dépister systématiquement est de 90%, alors qu’il n’est que de 60% si elle n’a pas fait une mammographie systématique de dépistage. Par ailleurs la nécessité de faire une ablation complète du sein est bien moindre dans ce cas, permettant en toute sécurité en général de conserver le sein.
Le dépistage par mammographie systématique permet donc un diagnostic plus précoce, la tumeur est diagnostiquée plus tôt et elle est moins grosse, la chirurgie est moins importante et les chances de guérison plus élevées.

Q : Quel est le danger du stérilet hormonal (Mirena*) ?
R : il n’est pas dangereux et ne favorise pas la survenue du cancer du sein. Certaines études (notamment les Danois) proposent de les garder même après avoir fait un cancer du sein. En général en France, en cas de cancer du sein chez une femme porteuse d’un Mirena, la plupart des équipes proposent de le remplacer par un stérilet non hormonal (au cuivre) mais il n’y a pas de démonstration scientifique que c’est nécessaire de le faire .

Q : Quelles sont les principales idées fausses en matière de cancer du sein lues sur internet (Docteur Google) ou véhiculées par les réseaux sociaux (Tik Tok, Instagram …) ?
o Des aliments font rechuter le cancer du sein ?
NON : Après un cancer du sein , aucun aliment ne fait rechuter : y compris le sucre, la viande rouge, les laitages, donc aucun aliment ne doit être interdit, il faut simplement veiller à ne pas prendre trop de poids
o Il faut ménager son bras toute la vie ?
NON : Après un curage des ganglions sous le bras, on peut se servir normalement du bras, faire du sport, prendre la tension artérielle, faire une prise de sang sur ce bras, cela n’augmente pas le risque d’avoir un lymphoedème (Publication Dr Vignes Hôpital Cognac Jay)
o Ne plus s’exposer au soleil ?
NON : Le soleil est tout à fait autorisé après un cancer du sein (ne pas trop exposer, et ce seulement pendant les premiers temps (classiquement un an) un sein qui a reçu de la radiothérapie, aucun problème pour le reste du corps, tout en se protégeant comme il est recommandé.
o On ne guérit jamais du cancer du sein ?
NON : c’est faux, une majorité de patients seront guéries définitivement, il est vrai qu’il peut y avoir des rechutes tardives plusieurs années après, notamment un nouveau cancer dans un sein, ce qui oblige à surveiller les patientes par une échographie annuelle toute leur vie.

Q : Que conseiller dans la vie quotidienne pour ne pas rechuter ?
R : Seulement 2 choses démontrées contre la rechute : ne pas prendre trop de poids et s’astreindre de façon prolongée à avoir une activité physique (si possible intense).
Sinon, profitez de la vie et vivez normalement !

JMV 09//24